Lundi 10 février. 7 heures 30 du matin, le soleil est encore voilé par les nuages de poussière soulevés par l'Harmattan. Nous prenons la piste, cap au nord vers la frontière du Bénin, jusqu'au village de Tchitchira pour y rencontrer les enseignants. C'est là que Koudjara, ancien enseignant volontaire de Kawa-haut, maintenant titularisé grâce au soutien de Kan Kélé, a pris son premier poste. Là encore, le manque de classes oblige à occuper des bâtiments insalubres pour assurer l'éducation des enfants. Nous profitons de ce déplacement, pour gagner le village de Kotokou, 14 Km plus loin, point final de la piste. C'est dans cette région que se trouvent les étonnants "châteaux Tamberma" ou "Tata somba". Les premières constructions de ce type remontent au 15ème siècle et leur similitude architecturale, à une échelle plus petite, avec les forteresses médiévales de l'Europe est étonnante, dans la mesure où des populations qui ne s'étaient jamais rencontrées ont utilisé le même concept pour se protéger. Visite également au dispensaire local. Il est propre et bien organisé. Un seul infirmier se bat comme il peut avec des moyens très limités pour assurer les soins de plus de 4000 habitants. Encore un endroit où Kan Kélé s’efforcera d'apporter un peu d'aide. C'était un homme bon, qui s'est toujours battu pour soutenir les actions de Kan Kélé et mobiliser les populations chaque fois que nécessaire. Ils nous exposent leurs problèmes : régulièrement les clôtures de palmes qu'ils construisent sont détruites par les troupeaux de bœufs des Peuls nomades de passage, chèvres et poules viennent terminer le saccage ! Séance photos pour les enfants parrainés du primaire : mise à jour indispensable et envoi de leur portrait récent aux parrains et marraines. Ils sont fiers de porter une tenue toute neuve . Chez Frédéric, le menuisier, le grenier construit avec son épouse est maintenant terminé. L'engrangement du sorgho (gros mil) peut commencer. Il assurera une grande partie de la nourriture de la famille jusqu'à la prochaine récolte. Chaque jour, nous devons faire face à de nouveaux problèmes, souvent délicats, que nous nous efforçons de résoudre avec l'appui des sages du village dans le respect de leurs coutumes. A notre arrivée, une haie d'honneur formée par les enfants scandant une chanson de bienvenue nous attend Le chef du village, les enseignants et les sages viennent nous accueillir. Le programme des manifestations commence par un match opposant l'équipe des garçons à celle des filles. C'est l'occasion pour eux d’étrenner l'un des superbes ballons offert par le football club de St Junien et de porter les maillots qu'ils avaient reçus l'an passé. A la fin de la première mi-temps, l'équipe des garçons mène 1 à 0. Tout au long du match, la cadence du jeu est donnée par les joueurs de tambour et percussions. C'est sur un tir au but que l'équipe des filles égalise sous les applaudissements du public. L'honneur est sauf et les deux équipes se congratulent dans la joie. Le repas de midi est partagé en commun, arrosé bien sûr, de bière de mil. Nous rejoignons Kawa-bas vers 16 heures, sous un soleil encore bien cuisant. |